Les associations et le salariat, un système pervers – Au Coin Du Feu

Nous voilà pour un nouvel épisode d’Au coin du feu et nous avons voulu parler d’un sujet plutôt sensible, le salariat dans le monde associatif. En effet, lorsque l’on parle association, on pense militantisme, volontariat, pouvoir d’agir, et tout le folklore qui y est lié… Mais on n’imagine pas que c’est aussi un milieu qui peut être acteur d’harcèlement et de pression sous couvert de valeurs rendant ces harcèlement justifiables.

C’est pourquoi Elisa a pris le temps de lire un livre expliquant les différents enjeux autours des pressions subies au travail dans le milieu des associations. Elle nous démêle ici les différentes conditions qui amènent à cette situation dans nos associations, et comment le système associatif français en est arrivé là.

Personnes qui lisent l'essai

Il y a beaucoup à réfléchir, et j’espère que ce podcast t’apportera les outils pour te défendre la prochaine fois que tu fais ton entretien annuel avec ton directeur ou ta directrice d’association. Bonne écoute !

Vous voulez écouter les épisodes sans vous connecter à Spotify ? Ça se passe par ici.

Les principaux sujets abordés dans ce podcast

  • Un petit historique des associations en France depuis la création du statut en 1901, avec un focus sur les évolutions majeures depuis les années 1970.
  • L’impact de l’évolution des politiques budgétaires de l’État sur le fonctionnement des associations et sa répercussion sur les salarié·es.
  • L’idéologie du dévouement quand on est salarié·e dans une association.
  • Le directeur ou la directrice de l’association… un·e patron·ne déguisé·e ?
  • L’émergence d’un « sous-prolétariat » associatif.
  • Comment s’organiser et lutter dans ces conditions ?
Image de la couverture du livre

Pour aller plus loin

Deux témoignages extraits du livre :

« Ce matin, je suis arrivée en retard. À 9h30. Tout le monde était devant l’asso, à boire des cafés, à fumer des clopes. Personne ne m’a fait de remarques. C’est cool, quand même, je fais un peu comme je veux.
Après, j’ai ouvert mes mails. J’ai eu l’impression de subir une avalanche angoissante de choses à faire, de délais à tenir. Je ne peux pas tout faire. Et puis tout est urgent. Si je ne finis pas ce dossier, alors il va manquer à l’association de quoi prolonger un contrat. Et donc ma collègue qui est en CDD devra partir. Et donc j’aurai encore plus de boulot.
Mais, ce dossier-là, c’est juste un dossier, celui d’une agence régionale. Et à côté de ça il faut en faire trois autres. Et je ne peux pas hurler ma colère de voir tout ça arriver en même temps sur une seule personne, parce que ce sont quatre interlocuteurs différents, une fondation, deux services territoriaux, une préfecture.
Je me sens bloquée. Je peux remplir ces dossiers comme je veux, ou décider que c’est trop, que je ne le ferai pas ; mais l’enjeu de survie de l’association est trop fort. Je fais mes dossiers. Je lutte contre la fatigue. Je regarde l’heure. Il est 21 heures. J’ai mangé devant mon ordinateur. Je suis arrivée en retard ce matin. Je fais ce que je veux. J’ai travaillé onze heures aujourd’hui. »

« Je ne sais pas pour quelle association je travaille. Le matin, je vais faire des ménages dans une maison de retraite. Je suis salariée par une association de service à la personne. Le midi, je fais une garderie dans une école. Je suis salariée par une association d’éducation populaire. L’après-midi, je fais le ménage pour une société privée. Le soir, après, je fais la garderie pour une autre association d’éducation populaire, mais dans la même école, mais ce n’est pas le même employeur parce que ce n’est pas le même marché public, le soir, alors, je rentre chez moi. Je m’occupe de mes gamins. Je fais le ménage. »

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