Connaître son public en animation, une notion pas si évidente
Aujourd’hui, Hugo interview Valentin Monnier, youtuber dans l’animation. Valentin a commencé une formation BPJEPS LTP*, brevet professionnel de l’animation, et il nous parle des raisons qui l’ont poussées à commencer cette formation. J’en ai profité pour lui demander comment se passe le concours d’entrée, et je voulais connaître ce que la formation lui a apporté. Cela a débouché sur une discussion autours de la connaissance du public en animation. Pour finir, Valentin et nous sensibilisera à la pédagogie de Freinet.
Pour aller plus loin :
- Le livre à lire : Les pédagogies Freinet, conçu par une équipe de pédagogues et de spécialistes
- La chaîne youtube de Valentin
- Les 3 chaines youtubes proposées par Valentin :
- Les jeux originaux
- Animare, son entretien ici
- Ludi Anim
- Un texte sur le sujet à été écrit par Elisa dans la rubrique réflexions
*Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport
La retranscription du podcast :
-Bonjour Valentin, bienvenu sur ce deuxième podcast. Est-ce que tu pourrais rapidement te présenter ?
– Moi c’est Valentin Bonnier. J’ai 25 ans. J’habite dans la Somme, du côté d’Amiens, pour ceux qui ne connaissent pas, la Picardie. En ce moment je suis en stage BPJEPS pour devenir un animateur et directeur professionnel de l’animation. J’ai un BAFA. Je suis dans l’animation depuis 10 ans, j’ai un BAFD direction d’animation depuis 6 ans. A côté j’ai ma petite chaîne YouTube qui parle d’animation, de jeunesse…
– Alors j’ai vu qu’elle ne parlait pas à la base d’animation, et qu’au fur et à mesure tu as mis de plus en plus de vidéo qui était en lien avec l’animation. Qu’est-ce qui t’a amené à faire ce choix ?
– Ah ouais tu commences direct-là. A la base je viens d’une école de théâtre et cinéma, qui n’a rien à voir du tout avec l’animation. J’avais créé cette chaîne YouTube avec des copains en disant « bah venez on teste un petit peu l’univers YouTube ». Et en fait, c’était un peu pour mettre en pratique tout ce qu’on avait vu dans le milieu théâtral cinématographique. Parce que nous, on s’était rendu compte que les professeurs ils nous guidaient, mais dans leur sens à eux. On voulait voir autre chose et on avait chacun notre style différent. Avec des copains, on s’est tous créer notre chaîne YouTube.
Moi au départ, j’était prévu sur des sketches, et après, au bout d’un moment ça commençait à me lasser. J’aimais bien, mais en passion, et me dire est-ce que je veux vraiment faire ça comme métier ? Après un moment, c’est là où l’animation m’a rattrapé. Je me suis dit « je veux faire ça. Je veux me réveiller et aller faire de l’animation, créer des thèmes et des projets d’animation pour les enfants». Enfin, il y a ma communauté qui savait que j’étais animateur. Ils voulaient que je teste des vidéos sur l’animation. C’est là que ça a très bien pris. Une, deux, trois vidéos, quatre vidéos, et au bout d’un moment, j’enchaînais entre spectacle et animation. Je me suis rendu compte que ce qui marchait le mieux c’était l’animation. C’est seulement depuis un an, que je fais que ça sur ma chaîne YouTube.
– J’ai aussi regardé tes dernières vidéos. Tu parles un peu plus de ton début de parcours en BPJEPS, qu’est-ce qui t’a motivé à commencer un BPJEPS ?
– Je savais que le BPJEPS était un diplôme professionnel. C’est un diplôme qui coûte quand même 5000 voire 6000 €. C’est un diplôme extrêmement cher. Je me suis dit je n’ai pas envie d’y aller à l’aveugle. Je voulais prendre un peu plus d’expérience avant. J’ai été voir différentes structures d’animation, différents centres de jeunesse, également un peu de formation BAFA. Donc je voulais m’expérimenter un petit peu avant de me lancer directement. Il me manquait cette vision à l’année et je savais que le BPJEPS me permettait de me donner cette vision-là.
J’ai rencontré plus de directeurs, plus d’animateurs. A force, ils m’ont dit « mais en fait toi tu devrais passer un BPJEPS ». Ça fait réfléchir. Et puis tu dis « bah tiens oui pourquoi pas. ils m’ont vu en action, ils savent de quoi je suis capable ». Pour travailler dans l’animation, je veux le BPJEPS. Je ne voulais pas avoir un BAFD et ensuite me professionnaliser sur le terrain. Je voulais vraiment avoir ma vision théorique et la mettre en pratique.
– On va parler un peu de cette question de la vision professionnelle un peu plus tard. Quand tu as passé la sélection, est-ce que tu as senti que tu étais à ta place ? Ou au contraire, c’était compliqué et t’as été surpris d’être sélectionné au BPJEPS ?
– Au moment des sélections j’étais impatient de le faire parce que je me dis « ça y est, ça va commencer ». Et quand j’ai vu le test, j’ai fait waouh ! Je ne pensais pas que le « le milieu professionnel » c’était à ce point-là. Ce qu’on a vu comme exercice, c’était analyser les différences pédagogiques ; entre un enfant avec un parent ou un enfant avec un animateur ou un enfant avec un professeur. Je ne me suis pas dit que le BPJEPS ça serait vraiment sur ça, sur l’histoire de la pédagogie. Ça, je m’y attendais pas.
– Pourrais tu me dire qu’elle était la première chose que tu as appris en BPJEPS ?
– Ma tutrice nous a expliqué au tout début : « Vous avez envie de travailler dans le milieu de l’animation professionnelle. Vous voulez devenir un animateur ou une animatrice professionnelle, mais est-ce que vous savez où vous êtes engagé ?Est-ce que vous savez ce que c’est que d’être animateur ? » L’une des premières leçons qu’on a appris, c’est qu’est-ce que pour vous d’animer ? Qu’est-ce que pour vous, c’est un animateur ? Et pour vous, qu’est-ce qu’un objectif ? Qu’est-ce qu’une valeur ? C’était vraiment pour nous faire voir que chaque avis est différent. Elle nous disait : « il n’y a pas vraiment de définition d‘un animateur ou ce que c’est que d’animer ». C’est l’une des premières leçons qu’on a apprises. Dans la formation il y a des gens ils n’ont jamais animé, ou il sont très jeunes. On est obligé de commencer par la base de l’animation.
-Est-ce que ça a fait évoluer ta pratique ?
– Bah carrément, parce que c’est ce que je recherchais justement sur cette partie professionnelle, parce qu’en BAFA et en BAFD on nous apprend ce que c’est que l’animation mais en fait, faut pas oublier que le BAFA et le BAFD sont des diplômes vacataires, où en fait, ce sont des diplômes grâce auxquels tu peux animer ou diriger pendant les vacances seulement, normalement à la base, c’est ça le BAFA et le BAFD, et là il nous apprend vraiment ce que c’est que d’animer à l’année, donc de rester avec un groupe d’enfants à l’année, et en fait, d’amener ton expérience, d’amener des projets pour ces enfants-là, là où tu vas travailler. Mais en fait, ça a permis d’approfondir encore plus mes connaissances, ça m’a permis d’aussi mettre en pratique certains doutes que j’avais.
– T’as un exemple de doute ou de chose que t’as fait sur le terrain ?
– Je sais qu’en tant que BAFA et en tant que directeur, il y a un centre où je travaillais énormément dessus, c’était mon centre quand j’étais petit. Ensuite j’ai évolué, c’est eux qui m’ont formé dans tout, et donc c’était l’erreur que j’ai faite au début de ma carrière, c’était ce centre et rien d’autre. Au fur et à mesure que j’ai grandi, et même dans le milieu de la direction, je me suis dit « bah là j’ai l’impression de stagner un petit peu, je vais voir autre part ».
J’ai commencé à aller voir autre part, c’est l’une des raisons aussi pourquoi je suis parti à Paris, donc j’ai fait un peu d’animation sur Paris, ce qui n’a strictement rien à voir, et en fait, moi je faisais des activités, mais j’ai eu une confiance énorme dans ce que je faisais, un peu trop de confiance même, parce que je savais très bien que mes activités allaient marcher sur ce public-là, mais pourquoi ça a marché ? Parce qu’ils me connaissent depuis x années et en fait, quand j’ai commencé à diriger et à animer dans d’autres structures, c’est là que je me suis rendu compte que les enfants étaient différents, sauf que, il y a des moments je ne comprenais pas pourquoi certaines activités que je faisais avant et maintenant, pourquoi ça ne marchait pas ?
J’ai beau me dire “bah tiens je fais la même chose”, ou même en étant différent avec les enfants il y a des choses qui ne marchaient pas. Grâce à la formation, j’ai pu pousser l’analyse. Il faut étudier vraiment son public avant, que ça soit leur âge, leur comportement, leur personnalité, c’est vraiment cette étude de terrain que je n’avais pas vraiment parce qu’avant je prépare mes activités, j’y allais, et je faisais. Et comme je l’ai dit, bah avant, dans les centres, parce qu’eux me connaissaient, et je connaissais ces enfants donc je savais très bien que ça allait marcher, mais c’est là où quand j’ai changé, j’étais en difficulté parce que je ne connaissais pas les enfants d’avance, et là, ils nous ont appris vraiment à étudier le terrain, connaître les enfants et là on peut mettre des projets en place.
– Alors c’est souvent abstrait quand on dit public. Comme tu dis, on dit souvent que c’est la tranche d’âge, ou alors le sexe, mais on n’arrivent pas à aller au-delà de ça. Est-ce que tu pourrais dire ce que tu dois étudier sur le public ?
– Déjà en fait, si je parle du centre où j’avais l’habitude de travailler, en fait, on est un petit centre de campagne ou on se connaît tous dans le village. C’est un énorme centre où pendant les petites vacances, il y a une quarantaine d’enfants et pendant les grandes vacances, 150 enfants, mais en fait, on se connaît, tous les enfants, les familles, on se connaît tous, et quand j’ai commencé à changer je devais faire ce qu’on appelle une étude de territoire de mon public, parce que quand tu animes dans une campagne, et quand tu animes dans un centre de ville, déjà rien que le public en lui-même n’est pas la même.
Ce n’est pas la même chose, même en terme d’âge, mais en terme de personnalité, niveau social, quand tu vas dans un centre de ville. Il y a des personnes qui vivent justement dans des HLM, dans des maisons, qui ont des difficultés financières. Tu peux aller dans un centre très bourgeois, ou alors un quartier assez difficile. Si tu vas dans un centre social, il y a des enfants qui ont perdu leurs parents, qui ont été adoptés ou alors qui ont une vie pas facile, donc en fait, c’est ça quand on dit étudier son public, c’est aller plus loin, c’est étudier son territoire en fait, et c’est vraiment cette vision là que je n’avais pas assez étudié, vraiment toute la commune et tout ce qui entourent la structure.
Ça m’est déjà arrivé d’animer un peu sur Paris, et là-bas c’est très usine, très à la chaîne, les parents ils arrivent, ils envoient, ils embarquent parce qu’ils n’ont pas le temps, mais en fait je n’ai pas l’habitude, alors qu’en campagne les parents ils ont plus envie de parler avec les animateurs, de connaître alors qu’à Paris ils ne prennent pas le temps de ça et moi ça m’a étonné, donc c’est étudier vraiment l’aspect du territoire, de la structure, et c’est de ça qu’on parle enfaite du public.
– Donc si je comprends bien, t’as appris comment étudier le public. Comment choisis tu tes activités par rapport à ça ? Comment tu fais cette connexion entre les deux ?
– Bah moi déjà j’ai mes idées en tête sur selon ce que j’ai envie de travailler, soit par rapport au thème que j’ai envie de mettre en place mais aussi par rapport aux objectifs, donc en fait, si je vais dans une structure, que je connais les enfants ou que je connais déjà le territoire, ça va être un peu plus facile de mettre en place l’objectif pour ces enfants-là, donc selon ces enfants ça va être, soit de la découverte, soit un peu plus sportif, soit un peu plus culturel, tout dépendra de ce qu’ils veulent apprendre à ce moment-là, et selon les enfants qu’il y a à ce moment-là également.
Quand c’est une structure que je ne connais pas du tout, je vais mettre des objectifs, mais par contre, l’étude se fera directement sur le terrain avec les enfants. C’est moi je propose ça, je vais mettre ça en place, et moi je sais que les objectifs où je vais aller et quand ça va se passer sur le terrain, je vais pouvoir modifier, m’adapter selon les enfants, comment ils sont selon leur personnalité, selon leur vie sociale, selon leur entourage. Quand je vais travailler dans une structure que je ne connais pas, c’est m’informer au maximum de ce qui entoure la structure en elle-même. Et là aussi je pourrais me faire une petite vision sur les objectifs que je vais mettre en place, les thèmes, le fil conducteur, donc ma vision et mon étude va être un peu plus poussé grâce au BPJEPS.
– Est-ce que du coup il y a aussi un pédagogue que tu as découvert en BPJEPS que tu ne connaissais pas et qui a complètement changé ta vision de l’animation ou de l’éducation populaire.
– Bah ouais, un pédagogue mais enfin on a vu plusieurs bah on aurait vu plusieurs que ça soit Freinet, ou alors, c’est le premier qui me vient en tête parce qu’on en a vu plusieurs.
– Est ce que tu peux expliquer justement ce que t’as compris de Freinet ?
– Il a fait plusieurs expériences avec les enfants mais il y en a une qui me reste en tête c’est justement cette pédagogie où, en clair, c’est l’enfant qui peut apprendre tout seul, en clair, en discutant, en échangeant, on peut grandir, on peut apprendre des choses, à force de discuter, on peut en apprendre.
L’exemple dans Freinet, qui était professeur, on prend une personne qui est forte en mathématiques. Il y a forcément des personnes moins fortes en mathématiques. Les personnes qui sont fortes en mathématiques, à eux d’essayer d’aller voir ceux qui sont moins fort et de les aider à progresser. C’est une pédagogie pour la personne d’apprendre un peu plus les maths, mais apprendre également à celui qui est plus fort en maths l’entraide, la coopération, d’aider son prochain, que malgré que lui il ait des facilités, il y en a d’autres qui ont des difficultés donc c’est vraiment cette pédagogie d’entraide entre les enfants et que lui il met un petit cadre en disant, voilà on met ça en place, mais après, à vous de voir la suite et de faire évoluer cette pédagogie.
Quand j’étais enfant à l’école j’avais d’énormes difficultés scolaires. Il y a une prof où je me suis senti à l’aise, ma prof de CM2. Cette prof-là elle a réussi à me redonner confiance et à me faire aimer l’école. Là, j’apprends que maintenant qu’elle mettait en place des systèmes de Freinet. Quand j’ai vu ça je me suis dit “ ce qu’elle m’a fait faire j’ai adoré”. J’ai accroché sur ces études de Freinet, ou même d’autres pédagogue (parce qu’elle a testé d’autres système de pédagogie). C’est là que je me suis dit que ça a fonctionné avec moi, je me voyais, j’avais vraiment cet effet miroir. Toute la pédagogie que Freinet avait fait mais elle avait fait sur moi.
J’ai adoré parce que c’est là que tu te dis mais la pédagogie elle est différente pour tout le monde selon ton système et c’est là que je reviens un petit peu sur l’étude du territoire, et ça marche également avec des professeurs, ils devront analyser et voir, et connaître également leur public d’enfants au début d’année, c’est connaître son public d’enfants, et après elle va mettre en place un système par rapport à son public d’enfants quel a dans sa classe, et ouais non mais quand j’ai vu ça mais je me suis dis mais en fait c’est génial et j’ai vraiment mieux compris le côté pédagogie.
– Ca veut dire qu’en plus d’avoir vu en tout cas la théorie, tu l’as vécu en tant qu’enfant en pratique c’est ça qui est rigolo.
– C’est ça qui est dingue, et c’est là que je me disais « Vu que ça a marché pour moi ». Ça peut marcher dans différents publics, différents personnes, différents enfants mais ça dépend également de ton envie et de ce que t’as envie de transmettre. Si je revois Freinet et ma professeure d’avant, en clair c’est, je vais féliciter une personne qui a des facilités. Pourquoi j’irai plus voir la personne qui a des facilités ? Parce que je vais apprendre des choses. Mon but c’est de faire évoluer ceux qui sont plus en difficulté et c’est là qu’il a mis la pédagogie Freinet en place, c’est-à-dire de nous mettre justement en binôme. Et de nous faire travailler tous ensemble et au fur et à mesure, il y a d’autres méthodes pédagogiques qui s’ajoutent. Ces méthodes, elles ont tout autant de différences.
– Est-ce que ça t’a donné des idées de choses à mettre en place sur le terrain à partir de pédagogie ?
– Ouais, il y a un certain système pédagogique que j’aimerais mettre en place, que je ne faisais pas forcément avant parce que comme je t’ai dit, les enfants du centre où j’ai l’habitude de connaître, que je côtoie régulièrement, durant les vacances, je les connais eux, quand je te dis, je les connais, c’est je les connais par cœur, mais par contre, quand je vais dans un univers ou dans une structure que je ne connais pas ou que je connais moins, là je vais mettre justement plus une pédagogie de Freinet, ou d’autres en place selon le public qui est en face de moi, par exemple de parler juste de ses émotions en ce moment “est-ce qu’on est joyeux ? Est-ce qu’on est triste ? Ah bah t’es triste ? Pourquoi t’es triste ?”
Avant, dans l’autre structure, je savais direct qui n’allait pas bien parce que je les connaissais par cœur. Mais dans les autres structures je ne les connais pas du tout, c’est pour ça que je mets un système en place. Tu feras kiffer les enfants tout en les faisant parler ‘t’es triste ? Ok. Pourquoi tu es triste ? Si t’as envie de le partager avec les autres pour t’aider à te redonner le sourire, il n’y a pas de souci. OK tu es joyeux, mais pourquoi toi t’es joyeux ?” et ainsi de suite. C’est connaître l’émotion et la personnalité de l’enfant, et en clair, qu’il s’exprime également, qu’il s’exprime plus émotivement plutôt qu’il s’exprime en disant “bon vous voulez faire quoi ? Une balle au prisonnier ? Bon ok, on va faire une balle au prisonnier” qu’ils aillent un peu plus profond dans ses sentiments en fait.
– Est-ce que la formation a aussi révélé des problématiques que tu as sur le terrain ?
– Ouais, le problème que j’ai remarqué c’est que, je vais revenir encore dans la structure où j’avais l’habitude de travailler, c’est que j’avais une énorme liberté, quand je te dis une énorme liberté c’était autant des objectifs, autant des thèmes, autant du matériel, autant de la communication avec mon organisatrice, voilà elle me connaissait, elle savait comment je travaillais, c’était “bah fait, vas-y!”, même mon équipe, j’avais le choix de mon équipe, c’était pas elle qui me l’imposait, c’était pas la mairie qui me l’imposait, j’avais le choix et au moment, et c’est vraiment la première fois quand j’ai changé de structure.
Voilà, j’étais animateur, je sais que je n’avais pas mon mot à dire. Mais là quand je me dis que je vais diriger, je me dis qu’il faut aussi analyser les animateurs. Sauf que j’apprends qu’en clair, on est obligé dans certaines structures de faire avec ce qu’on a. Mon frein est qu’on m’impose l’équipe. “ben non tu dois travailler avec cette équipe et c’est tout” et moi, je me dis que je n’ai pas envie de travailler avec eux. Soit le leur vision elle ne me plaît pas, ou soit ils ne sont pas motivés, pas dynamiques. Je veux ce côté d’animation avec de la drama, du déguisement, des grands jeux et que, chose que certains ATSEM ne comprennent pas et qu’ils refusent de le faire.
– J’entends ce que tu dis, du coup j’essaie d’aller un peu plus loin. Tu as dit que vous aviez des différences de valeur entre les anim et toi, et c’est ça qui est difficile ; Parce que t’essaie de te retrouver avec une équipe qui a les mêmes valeurs. Est-ce que tu en discutes avec cette équipe ? Qu’est-ce que tu essaies de mettre en place pour voir comment l’équipe se retrouve dans certaines valeurs ? Parce que je pense que n’importe quelle équipe, on n’a pas toujours tous et toutes les mêmes valeurs, mais on va se retrouver dans certaines valeurs. Est-ce que tu fais cet exercice-là ?
– Je suis d’accord avec ce que t’as dit, et justement, c’est là la différence que j’avais entre avant et maintenant, c’est qu’avant justement je constituais une équipe qui était d’accord avec mon projet pédagogique, qui était d’accord avec ma vision des choses, mais en fait là c’est vraiment ce blocage du “bah en fait non je dois travailler avec des personnes totalement à l’opposé de moi ou que je ne connais pas du tout”.
Ce que j’essaye de mettre en place souvent c’est justement un petit temps de formation durant des réunions pour savoir ce qu’ils pensent dans l’animation, essayer justement de les aiguiller dans leurs valeurs et dans leur système à eux pour également que ça leur plaise, mais également pour que ça me plaise à moi, et en fait, surtout travailler en équipe c’est surtout ça moi je n’ai pas envie que chacun fasse des choses de leur côté et que ben non, faites vos trucs moi je fais mon truc et basta, ce que je fais c’est vraiment des temps de communication, des temps de parole, des temps de formation également, des trucs qui dure 5 – 10 minutes hein ça suffira.
C’est également ce qui revient à l’étude de terrain. Il faut connaître ton équipe. Tu ne vas pas changer, tu ne vas pas changer la personne. La personne elle est comme ça, elle a sa méthode, sa vision. Elle a ses valeurs. Tu ne vas pas changer la personne , c’est une étude qui se fait petit à petit, une étude également de ton équipe. Moi en tant que directeur, je l’imagine comme ça, une étude de ton équipe. même si t’es obligé de travailler avec, de la connaître, de voir ce qu’elle vaut, ce qu’ils font et de connaître mais vraiment au niveau de la personnalité, de leur vision à eux, pourquoi ils ont aussi voulu travailler dans l’animation ; ok, t’es là en tant qu’animateur professionnel, mais pourquoi déjà t’as voulu travailler dans ce milieu-là à l’année ?
Je pense qu’à force de communiquer, de parler, de mettre les choses à plat, de voir un petit peu sa façon de travailler, mais mettre aussi en valeur ma façon de travailler il y aura toujours un truc où on sera d’accord. Ça va pas se faire en une semaine, ça va se faire petit à petit. C’est l’étude de ton équipe en tant que directeur. Il y a beaucoup d’animateurs qui viennent me voir en me disant ‘oui bah je n’arrive pas à travailler avec tel animateur, tel animateur”. Je dis “okay, est-ce que tu connais cet animateur ? Est-ce que tu connais sa façon de travailler ?”. Au fur et à mesure de le connaitre, de voir sa façon de travailler et de communiquer, tu auras toujours un truc où on sera tous d’accord.
– Non, t’as raison.
– Donc en fait, c’est là que revient un petit peu l’étude que je te disais tout à l’heure, t’as l’étude de ton territoire pour les enfants, mais quand t’es directeur t’as l’étude de ton équipe, pour trouver la bonne manière pédagogique aussi auprès de ton équipe de manager, de former, de discuter, de communiquer même s’il y a des différences d’âge, parce qu’on peut avoir une animatrice qui a 40 ans, comme un petit jeune qui arrive et qui a 18 – 20 ans qui veut se lancer dedans quoi, donc c’est une étude de ton équipe aussi et une analyse à faire.
– On arrive à la fin, je te pose une dernière question un peu différente des autres ; est-ce que tu as un livre à conseiller sur le sujet ?
– Un livre, alors je te l’avoue que je ne lis pas du tout.
– Peut être une chaîne YouTube ?
– Il y a trois chaînes qui me viennent à l’idée, par exemple il y a la chaîne :
- Des jeux originaux où, en fait, cette chaîne YouTube va proposer vraiment différent type de jeux, mais des jeux différents qu’on n’a pas l’habitude de voir.
- Ensuite, il y a il y a une autre chaîne YouTube qui est vraiment plus poussée, mais vraiment très poussée du côté de la pédagogie, il s’appelle Animare. Lui vraiment, si on a envie de travailler dans le milieu de l’animation c’est vraiment un style qui est différent de moi, ce que je fais.
- Et après il y a une autre chaîne YouTube qui s’appelle Ludi Anim, où pareil c’est des explications de jeu et en fait, sa chaîne YouTube c’est que ça, les explications de jeu, plein d’explications de jeux selon tes objectifs, selon ta tranche d’âge et en fait il explique d’une façon animée, c’est vraiment ces trois chaînes là que je conseille parce qu’en fait, on a tous notre style différent, mais qui reste est super intéressant.